Propositions d’écriture

Ecrire, un peu, parfois, jamais (cela est peu probable), passionnément (Hum !), au gré des jours (un journal ?), accroché aux fils de la vie (un déclencheur, un confident, un guérisseur …).. Autant de petites braises attisant le feu de notre fabuleuse histoire personnelle. Oui, nous écrivons à partir de ce que nous vivons, rencontrons, percevons et plus simplement à l’aide de nos sens, de nos émotions, de nos souvenirs…





Ecrire a-t-il un intérêt ? Est-ce utile ? La réponse est définitivement OUI. Ecrire est un média d’excellence, ENTRE nos pensées, nos questionnements, nos peurs, nos errances… ET cette possibilité que nous offrons, à notre esprit, de faire le tri dans nos idées, dans le flot des données et d’injonctions à traiter, dans le gigantesque fatras des sollicitations sensorielles, informationnelles, numériques…, où notre cerveau est en surchauffe, et, dramatiquement en surcharge cognitive !




Ô mon âme, que garderas-tu de tous ces petits grains d’expériences, confinés dans les abîmes de ta mémoire  ?

La raison d’être de ces propositions est d’expérimenter les jeux d’écriture pour soi, pour associer des idées, pour s’amuser à créer des histoires, pour amorcer un début de récit en remplacement de la manivelle, pour détourner son histoire et l’obliger à intégrer des éléments nouveaux, pour engager un nouveau dialogue avec les personnages de son récit et pour batifoler avec les personnages des fictions que l’on invente, ou tout simplement pour tenter une nouvelle expérience.

Mots clés dans le processus d’écriture :

Contrainte -Disponibilité – Itinéraire – Aventure – Lectures/Nourritures – Réécriture

Et aussi : Intériorité – Désir – Audace – Emerveillement – Emotions

La contrainte est un vilain mot qui signifie « obligation », « entrave,  » discipline », et pour bon nombre d’entre nous, la relation à la contrainte est vécue comme un empêchement de faire de ce que l’on veut, comme l’on veut. Et pourtant, dans l’acte d’écrire, elle représente un booster d’idées, de possibles, d’invention, de nouveauté.

Il existe différents types de contrainte dans l’écriture. A titre d’exemples, en voici quelques-uns :

– Je vais écrire dans un temps précis, chronométré

– J’intègre un mot, venu du hasard, dans mon récit, pour le détourner de son itinéraire et offrir une bifurcation au chemin que j’avais prévu d’emprunter. Ce mot peut être pioché dans le dictionnaire, en l’ouvrant à n’importe quelle page ou m’être donné par une personne proche de moi. Nous serons, l’un et l’autre surpris et c’est bien ainsi.

– j’évite l’usage d’une lettre, en relation avec l’OULIPO dans un exercice appelé le lipogramme. Georges PEREC, habile Oulipien, a écrit la Disparition, un ouvrage sans la lettre « e ».





Ainsi la contrainte, à l’abord dissonant, invite à l’abandon de la première impression, pour goûter aux joies des propositions choisies et serties. Il arrive, même, que sans contrainte, l’écrit reste stérile et l’auteur en mal d’inspiration.





La disponibilité : Consiste à se donner des espaces temps pour écrire à des moments où la fatigue n’a pas imposé sa loi et nous invite à rejoindre Morphée. Quoique, Morphée, enfant de la nuit et Dieu des songes dans la mythologie grecque, a peut-être des petites surprises à nous réserver ?

Je dispose de 30 mn, j’écris !! oui c’est possible, mais sera peut-être un peu court pour apporter une contenance à notre écrit.

Avoir un lieu chez soi ou un espace d’écriture, … Placer dans ce lieu les objets, les différents dictionnaires dont nous aurons peut-être besoin (Larousse, Robert, Synonymes, Expressions, etc…). Et aussi, assis sur notre banc préféré, sous un arbre ami… Quel que soit le lieu, il nous donnera rendez-vous, soyons-en sûr !!





Une aide : Pour ne pas passer à côté de la bonne idée, du mot que l’on cherchait désespérément, de la confidence à glisser impérieusement…, Conserver un petit carnet et un stylo sur soi, où que nous soyons !!





Un itinéraire : D’où partons nous ?, Où allons nous ? Quel est le chemin parcouru ? Quel est le mobile du surplace ou celui de la course effrénée ?





Une aventure : Que se passe t-il ? Où nous laissons-nous entraîner par nous-mêmes ? Quelle est l’intrigue ? Dans quelle fiction mon personnage se situe-t-il ? Rencontre-t-il un problème ? Doit-il absolument trouver une solution sinon tout s’écroulera ?





Des lectures/nourritures

Ecrire ne peut se dissocier de la lecture. Par la lecture, nous nourrissons nos esprits, nos intrigues, nos personnages, notre récit, la fiction qui se trame….

 » Lire, c’est agrandir sa famille, engager du personnel, se faire des amis, multiplier ses relations, se constituer un fabuleux carnet d’adresses « .

«  Lire, c’est faire entrer un peu de lumière dans le dédale piégeux de nos existences « .

Bernard PIVOT, Lire, Ed. Flammarion 2018.




Réécriture

Le premier jet d’écriture nous offre parfois des pépites dont nous ne saurions nous départir, et « que personne n’y touche, pas même moi ! ». Parfois, lorsque nous ressentons un certain contentement, à la suite d’un texte tout frais écrit, nous l’observons comme un joyau. Et cela est possible !





Tous les auteurs devraient cuisiner ! Passée la fulgurance prometteuse de l’essai, réserver, laisser sur le côté de la cuisinière, la sauce à qui il ne manque rien pour le dîner du soir ! Puis, lorsque le jour en a assez de régner, je goûte à nouveau le souvenir de ma succulence matinale, et soudain, s’échappe de ma bouche, un petit son, accompagné d’une moue disgracieuse, osant à peine exprimer une horde de beurk, oups, ouh !!





Bonne nouvelle, le processus est en route ! Ecrire, lire, relire, faire lire, faire relire, corriger, réécrire, encore et encore… Puis, s’arrêter et accepter l’idée qu’il manquera toujours quelque chose, que cela ne me plaira pas, qu’un autre aurait dit différemment, et surtout mieux !





Il me tarde d’écrire, le bureau est prêt, les dictionnaires sont bien en vue, les crayons et les stylos sont en tenue d’exercice, attendant sagement dans leur pot que j’en choisisse un, la lumière du jour baisse lentement, les chants des oiseaux s’éloignent, un léger frisson me parcourt , … !!

Je vous souhaite de belles rencontres avec votre tempo  intérieur, dans le balancement des clairs-obscurs et des incertitudes de la vie en mouvement. Ecrire est une invitation à traverser le temps en permanence, à jouer les funambules sur le fil des histoires piochées dans le passé, revigorées au présent, en destination d’un voyage vers un horizon insolite, dans la pièce d’à côté ou à l’autre bout du monde.




Propositions individuelles

Pour chacune des propositions, se donner une contrainte de temps, par exemple selon les exercices de 10 à 20 mn.





Portrait chinois

A l’origine, le portrait était un jeu de bel esprit dont les salons précieux usaient avec ferveur au XVIIème siècle. Puis, il prit le nom de jeu des énigmes. Il se transforma une dernière fois pour s’intituler « portrait chinois » en raison des imbrications surprenantes et inattendues qu’il suscite.

Portrait chinois printanier : si j’étais un bourgeon, si j’étais une odeur, si j’étais un bruit, si j’étais une effervescence, si j’étais un paysage, si j’étais un émoi…





Lexique affectif

A partir de l’alphabet, pour chacune des 26 lettres, écrire une émotion et y associer un souvenir fictif ou vécu.





Jeu du dictionnaire

Piocher au hasard 10 mots dans le dictionnaire et les faire se rencontrer en inventant une histoire improbable.





Lipogramme

Ecrire un texte en enlevant une voyelle. Commencer par le « a ».





La syllabe répétée

Ecrire un texte où la dernière syllabe débutera le mot suivant.

Exemple : Le printemps tentait ténu nuance secrète tenaillant ensemble blettes étonnées nébuleuses





Premier mot, dernier mot : Ecrire un poème avec les mots du début et de la fin du texte similaires. Le processus comporte des encastrements successifs. Pour l’exercice, appuyez-vous sur votre environnement proche que vous pouvez observer.

 Dans Paris, il y a une rue
Dans cette rue il y a une maison
Dans cette maison il y a un escalier
Dans cet escalier il y a une chambre
Dans cette chambre il y a une table
Sur cette table il y a un tapis
Sur ce tapis il y a une cage
Dans cette cage il y a un nid
Dans ce nid il y a un œuf
Dans cet œuf il y a un oiseau.
L’oiseau renversa l’œuf ; l’œuf renversa le nid ; le nid renversa la cage ;
la cage renversa le tapis ; le tapis renversa la table ;
la table renversa la chambre ; la chambre renversa l’escalier ; l’escalier
renversa la maison ; la maison renversa la rue ; la rue renversa Paris.  
Paul ELUARD

Auto-portait : Questionnaire de Bernard Pivot

 Mon mot préféré 
Le mot que je déteste
Ma drogue favorite
Le son, le bruit que j'aime
Le son, le bruit que je déteste
Mon juron, gros mot ou blasphème favori
Un homme ou une femme pour illustrer un nouveau billet de banque
Le métier que je n'aurai pas aimé faire
La plante, l'arbre ou l'animal dans lequel j'aimerai être réincarné
Si Dieu existe, qu'aimerai-je, après ma mort, l'entendre dire de moi




La première fois
Ecrivez pendant 10 mn toutes les premières fois en commençant chacune par :
La première fois que…
Puis
La première fois où…





Le personnage imaginaire
Inventez un personnage féminin ou masculin qui va, au fur et à mesure de sa description, susciter chez vous un sentiment de fascination. Appuyez-vous sur ce que vous auriez aimé faire, être, découvrir, oser… Quel âge a -t-il ?, Où habite-t-il ?, Le lieu où il vit, a-t-il des particularités ?, A-t-il une activité professionnelle ?, Comment occupe-t-il son temps lors de ses temps libres ?, Quelles situations rencontre-t-il ? Comment se sort-il des difficultés qu’il rencontre ? A-t-il une « botte de Nevers » ? Comment réagit-il dans la vie ? A-t-il des amis ? Quelles sont ses relations ? A-t-il une alimentation particulière ? Quels sont ses moyens de locomotion ? Où part-il en vacances ?

A la manière de Sei Shônagon, dame d’honneur de la cour impériale du Japon au XIe siècle, qui a écrit 162 rouleaux composant des Notes de chevet. Ils ont engendré des écrits d’inventaire et de listes pouvant être reprise dans d’autres écrits.

Proposition de lister :

– Les choses qui font battre le cœur

– Les choses élégantes

– Les choses qui font naître un doux souvenir du passé





Que faire de tout ce matériau d’écriture ? : Vous venez d’expérimenter plusieurs exercices. A partir de tout ce travail fourni, vous disposez d’un merveilleux terreau où vous pouvez commencer à écrire une histoire. Pour cela, donnez-vous un thème d’écriture et insérez-y votre terreau, comme un jardinier, en période de semence.





C’est tout, pour aujourd’hui.  D’autres propositions viendront agrémenter cette petite liste. Prenez plaisir à ces exercices.  Et si votre petit doigt vous gratte l’oreille, et que votre cœur acquiesce, envoyez-moi vos textes à contact@plumesdemots.fr.




Propositions collectives

L’atelier d’écriture est un lieu de création collective pouvant avoir plusieurs vocations.

La vocation de Plumes de mots est à caractère créatif, ludique et littéraire où chacun est invité à jongler avec les mots, les entraîner dans de nouvelles aventures, leur faire vivre une seconde vie, franchir les portes du réel… Puis partager, ou pas, sa moisson au groupe, lors d’une lecture à voix haute.





Cadre des rencontres : Confidentialité, bienveillance, temps d’écriture et de partage, créativité, non-jugement et respect des textes produits





Au cours de chaque atelier, des exercices sont proposés à partir de consignes, comportant une durée d’écriture. Après chaque exercice, un temps libre de lecture à voix haute est vécu. Les lectures se suivent et ne font pas l’objet d’une analyse des contenus. L’objectif des ateliers est de stimuler le processus créatif d’écriture, de découvrir différents genres littéraires et de vivre un partage avec d’autres, dans la joie de la création.





Socle référentiel Plumes de Mots :
 
Le mouvement de l’Education Populaire apparaît au cours de la période post-révolutionnaire, à l’époque des Lumières. En 1792, Nicolas de Condorcet (1743-1794), mathématicien, philosophe, homme politique et éditeur français, présente un projet de décret portant sur l’organisation générale de l’instruction publique. Il pose les bases de l’Education dite « populaire » signifiant que tout le monde, et plus seulement, les élites et les nantis, peut se saisir de l’éducation, abolissant ainsi les avantages aristocratiques.

L’idée majeure qui émerge porte sur la conscience et la foi des potentialités de tous et de toutes où chacun peut apprendre, emmagasiner du savoir et s’enrichir collectivement, gage d’émancipation.
 
Les idées majeures de l’Education Populaire :
• Personne n’est jamais sans ressource !!
• Chacun dispose d’une expérience de vie et des choses à nommer
•  Développer son esprit critique, c’est ouvrir la porte à une pensée singulière et libre
•  Entrer dans la compréhension du monde, nous offre de pouvoir le transformer